Real Management à distance : le nouveau visage de la coordination

La logique floue a bien des vertus, y compris dans un contexte de prise de décisions stratégiques : voici pourquoi, par Jean-Pierre Perez, CEO EDWARD Software

La logique floue a bien des vertus, y compris dans un contexte de prise de décisions stratégiques : voici pourquoi, par Jean-Pierre Perez, CEO EDWARD Software

Soyez  flous ! Dans un monde professionnel balisé, segmenté, qualifié, cadré, quadrillé et parfaitement pensé pour s’imbriquer dans la rectitude normée d’un classeur Excel, j’ai bien conscience de l’incongruité apparente de cette injonction de rentrée. Et pourtant, si vous me laissez le temps de développer mon propos, vous me donnerez une chance de vous y faire réfléchir à deux fois.

 

Parce qu’en réalité, la logique floue – car c’est bien de cela qu’il s’agit –  est un mode de pensée extraordinaire ! J’en fais l’apologie depuis longtemps et  j’en suis un grand adepte dans certains cas de figures particulièrement complexes. Rappelons que la logique floue, plutôt que de se focaliser sur deux types de valeurs de vérité restrictives (vrai ou faux) appelle à concevoir des valeurs intermédiaires admettant des degrés de vérités permettant de parvenir, non plus à une conclusion absolue – inaccessible dans certains contextes – mais, sur la base d’une réflexion plus souple, à une prise de décision acceptable.

 

Toute forme de complexité peut ainsi être approchée de façon tant individuelle que collective, de façon somme toute très naturelle.  Et c’est bien là un atout précieux dans la manche du manager, que de savoir maîtriser cette approche, moins déterministe, mais qui laisse une réelle part à la subjectivité, à la créativité et à une perception plus globale d’une situation donnée, quelle qu’en soit la complexité.  Cela facilite la mise en mouvement et la préservation du sens de l’ensemble. Cela s’appelle porter non pas un ou des projets, mais bien porter une vision

 

De l’hyper structuration à la perte de sens

A l’opposé, dans les structures aux « allures matricielles » ( c’est à dire sur lesquelles une structure hiérarchisée a été greffée), censées gérer plus aisément la complexité des flux de notre  société, on assiste paradoxalement à une polarisation du manager sur des activités individuelles de suivi de tâches et de participation à une multitude de comités. Cette dissection en tâches planifiées intrinsèquement peu porteuses de sens, auxquelles s’ajoutent régulièrement des obligations de compliance, embolisent les meilleures volontés. La perte du sens donné à l’action n’est plus très loin, ce qui tend parfois à nous rapprocher de la logique Shadok.

Attention tout de même. En tant que fondateur et promoteur d’une solution avancée de gestion des projets complexes, n’allez pas me faire dire qu’il faut prôner l’entropie et promouvoir le désordre, loin de là ! Simplement, dans un monde qui se réorganise autour de nouveaux standards, il s’agit désormais de promouvoir l’alliance d’une approche préservant l’espace de la créativité et de l’échange, tout en y associant la rigueur d’une planification sans faille.

L’assistant numérique au secours du manager

A tout vouloir mener de front, dans un univers plus mouvant – démocratisation de la distanciation physique, explosion du nombre d’indicateurs et de datas liés à l’utilisation d’outils informatiques sophistiqués – attention à ne pas épuiser les meilleurs de nos managers.

Mon credo, c’est au contraire de soulager ces derniers des tâches à faible valeur ajoutée. Je crois fondamentalement que le real management à distance, pour les cols blancs, consiste aujourd’hui à déléguer la part la moins valorisante de leur travail aux assistants numériques qui apparaissent dans tous les métiers, afin de retrouver le temps nécessaire et indispensable aux échanges, au management et à la coordination des équipes. Et de prendre le temps, parfois, de s’adonner aux charmes de la logique floue.